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Equateur : La trahison de Lenin Moreno et le désastre qui s’annonce

En tant que citoyens et citoyennes équatoriens résidant en France, nous voudrions exprimer notre grande préoccupation à propos de ce qui se déroule en Équateur.

L’ancien président équatorien, Rafael Correa, et son vice-président, Jorge Glas, sont victimes d’une persécution et d’une judiciarisation antidémocratique de la politique. Elles sont perpétrées par le président actuel, Lenin Moreno, et ses alliés, les partis politique d’extrême droite, dont les leaders sont Guillermo Lasso, Jaime Nebot, Lucio Gutierrez, Abdala Bucaram, Dalo Bucaram, Cintia Viter et Cesar Trujillo, avec tous les médias privés, chargés de manipuler l’opinion publique, et la complicité des États-Unis, désireux de réinstaurer une politique néolibérale qui privilégie seulement l’élite.

Comme tout le monde le sait ici, les anciens élus ont travaillé durant dix ans, entre 2007 et 2017, pour une transformation sans précédent du pays.

Avec la réforme de la Constitution de Montecristi en 2008 (élaborée par une Assemblée constituante), ce texte est devenu l’une des constitutions les plus humanistes et écologistes du monde, permettant ainsi le développement d’infrastructures inédites, la stabilité politique et économique, la crédibilité internationale et un aménagement régulier du territoire.

Les pratiques de lawfare (utilisation du droit comme arme de guerre), avec la complicité des institutions qui devraient garantir la justice, servent aujourd’hui à poursuivre nos leaders politiques qui ont changé le destin de l’Équateur. Le vice-président, Jorge Glas, incarcéré depuis le 2 octobre 2017, a été condamné à six ans de prison. Il a été accusé de recevoir des pots de vin de la part de l’entreprise brésilienne Odebrecht (entreprise qui s’est implantée notamment dans toute l’Amérique latine par le biais de la corruption), sans aucune preuve, avec l’appui d’un ancien Code pénal, et des charges fondées sur la confession des hauts responsables de cette entreprise (qui ont plaidé coupables et qui malgré tout n’ont pas été condamnés).

Aujourd’hui, l’ancien président Rafael Correa est lui-même poursuivi, avec le même procédé de diffamation, avec la complicité des médias, en utilisant de faux témoignages tels que celui de Fernando Balda (dirigeant politique opposé à Correa), qui joue le rôle de victime et accuse Rafael Correa d’avoir donné l’ordre de le séquestrer quand il fuyait la justice, exilé en Colombie en 2009. Il faut signaler que Balda cumule vingt trois procès pour escroquerie, diffamation, etc. à son actif. Durant son exil en Colombie avec son complice et associé Chicaiza, il vendait des équipements d’espionnage au gouvernement, à l’armée et à la police colombiens, mais aussi à l’entreprise DAS (propriété de l’ex-président de la Colombie Alvaro Uribe, très bon ami de Balda). Tout cela mettait en péril la sécurité de l’Équateur.

Durant son exil en Colombie avec son complice et associé Chicaiza, il vendait des équipements d’espionnage au gouvernement, à l’armée et à la police colombiens, mais aussi à l’entreprise DAS (propriété de l’ex-président de la Colombie Alvaro Uribe, très bon ami de Balda). Tout cela mettait en péril la sécurité de l’Équateur.

[correction : Le DAS est… le Département administratif de sécurité, la police politique (effectivement marquée avec Uribe pour l’espionnage et la répression de l’opposition)… Il a été dissous en 2011 (dans le cadre des scandales dits de la « parapolitique »). Son ancien sous-directeur José Miguel Narvaez a été condamné avant-hier à 30 ans de prison pour l’assassinat (1999) de l’humoriste Jaime Garzon. NdR]

Le 3 juillet 2018, la juge de la Cour nationale de la justice, Daniela Camacho, a dicté l’ordre d’emprisonnement préventif à l’encontre de Rafael Correa avec l’obligation de se présenter tous les quinze jours au tribunal équatorien, comme s’il était un délinquant. Il faut savoir que Rafael Correa réside actuel - leme n t en Belgique depuis la remise de ses fonctions. Rappelons que, lors de la dernière élection présidentielle, le 19 février 2017, il ne s’est pas présenté, cédant sa place à Lenin Moreno comme candidat de son parti, Alianza Pais.

Le journaliste Ramiro Cueva, opposant à Rafael Correa, connu en Équateur comme fraudeur des impôts, avec plus de cinquante procès à son actif pour escroquerie, a voyagé librement jusqu’à Louvain en Belgique pour accuser et persécuter personnellement l’ancien président Correa. Ces derniers jours, on peut l e voir sur l’Internet s’en prendre à Rafael Correa et à sa fille, les insultant, tout en filmant et en les menaçant. Ceci s’est passé le 8 juillet 2018 et, grâce à l’intervention de voisins, il a été capturé et mené à la police belge. Ramiro Cueva doit se présenter à un procès au pénal le 8 août 2018, en Belgique.

Lenin Moreno a arbitrairement retiré sa protection au vice-président Jorge Glas ainsi qu’à l’ex-président Rafael Correa (comme l’atteste l’article 3 du décret exécutif no 418) qui, en cas de risque, sont protégés par la loi.

AU SERVICE DE L’OLIGARCHIE LA PLUS RICHE

Avec la complicité d’un gouvernement totalitaire, qui manipule tous les groupes de pouvoir, Lenin Moreno s’est octroyé le pouvoir par un référendum le 4 février 2018 qui modifie la Constitution de 2008.

Il faut enfin signaler que la juge, le procureur, le Conseil de participation citoyenne sont transitoires et mis en place par Lenin Moreno sans aucun concours préalable. Nous sommes hors de l’État de droit !

Nous vivons un désastre sans précédent… Ce ne serait pas surprenant que, dans les mois qui viennent, le peuple équatorien connaisse un nouvel exode qui ressemblerait à celui de 1999 (produit des plans d’ajustement imposés par le FMI, un effondrement économique s’est produit qui a poussé à l’exil 20 % de la population). Ce serait la conséquence des « mesures d’austérité » programmées et perpétuées par l’actuel gouvernement équatorien, qui suit un programme très bien organisé par l’extrême droite, les banques, le FMI et les grandes entreprises.

Le nouveau président, Lenin Moreno, a fait adopter une loi, la loi Trole 3, une loi organique dite « d’amélioration de l’appareil productif » en stimulant les investissements étrangers et en les exonérant des impôts. C’est-à-dire en favorisant l’oligarchie la plus riche et en multipliant les coupes sociales.

Paris, le 29 juillet 2018

article paru dans Informations Ouvrières N° 515 - page 9 - Semaine du 9 au 15 août 2018

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